Le sevrage alcoolique durant les hospitalisations : fréquent ?

Le sevrage alcoolique (OH) est une complication évitable, potentiellement fatale et touchant de nombreux séjours hospitaliers. Cependant, la prévalence d’un sevrage OH lors d’une hospitalisation dans la population globale n’est pas connue, les études préalables ayant été réalisées dans des contextes spécifiques ne permettant pas la généralisation des données. Cette étude rétrospective cherche à évaluer l’incidence du sevrage OH durant un séjour hospitalier dans une population de patients suivis en ambulatoire

Etude rétrospective aux États-Unis. Inclusion : Patient·e·s adultes ayant eu au moins une visite ambulatoire chez un médecin généraliste affiliés à un réseau d’assurance, entre 2018 et 2022. Issue primaire : hospitalisations avec diagnostic primaire ou secondaire de sevrage OH (incidence dans la population et proportion des hospitalisations avec diagnostic mentionné de sevrage OH). Issue secondaire : comparaison des hospitalisations impliquant un sevrage OH à celles impliquant des maladies fréquentes en médecine ambulatoire (hypertension, diabète, bronchopneumopathie chronique obstructive - BPCO, insuffisance cardiaque).

Parmi les 544'825 patients inclus, l’incidence des hospitalisations avec diagnostic de sevrage OH était de 168.6 pour 100'000 personne-année d’enrôlement (dans le système d’assurance) pour un total de 7'306. Les facteurs associés à une incidence plus élevée de sevrage étaient un score AUDIT-C (score de dépistage de consommation OH à risque) élevé, la tranche d’âge 40-59 ans et le sexe masculin. Le taux d’hospitalisation impliquant un diagnostic de sevrage OH était de 2.3% et atteignait jusqu’à 10% parmi les hommes âgés de 30 à 49 ans. Concernant l’issue secondaire, un diagnostic principal de sevrage OH (0.7% de l’incidence proportionnelle) était aussi fréquent retrouvé qu’un diagnostic principal de BPCO (0.7%), de diabète (0.9%) et d’hypertension (0.3%). Les hospitalisations pour insuffisance cardiaque étaient en revanche plus fréquentes (2.5%).

Dans certaines sous-populations à risque, l’incidence de sevrage OH durant les hospitalisations est particulièrement élevée. Cette complication reste probablement insuffisamment anticipée et prise en charge. Chez les patients de moins de 60 ans, les hospitalisations pour sevrage OH étaient plus fréquentes que celles liées à d’autres pathologies courantes. La corrélation entre un score AUDIT-C élevé et le risque d’hospitalisation pour un sevrage OH souligne l’intérêt de cet outil pour anticiper la survenue du sevrage chez les patients hospitalisés. L’étude est limitée par son caractère rétrospectif, par l’inclusion de patients assurés uniquement (dans un système de santé sans assurance obligatoire), ainsi que par un codage des diagnostics lors des hospitalisations pouvant très variable.

Cette étude confirme l’impression générale que les sevrages OH sont particulièrement fréquents, également en comparaison à d’autres motifs d’hospitalisation dans la population. Le risque de sevrage durant une hospitalisation est d’autant plus élevé que la consommation OH déclarée en ambulatoire est importante.