Lombalgies et Cervicalgies Aiguës : Quelle place pour les opiacés ?

Les lombalgies et cervicalgies aigues sont un motif fréquent de consultation. Actuellement, il n’est recommandé d’introduire des opiacés qu’en cas d’échec ou de contre-indication aux autres modalités de traitement. Toutefois, le taux de prescription reste élevé. Le nombre d’études ayant comparé les opiacés à un placebo est très limité. Cette présente étude vise à évaluer l’efficacité et la sécurité d’une antalgie de courte durée par opiacés dans les lombalgies et cervicalgies aigues.

Etude randomisée contrôlée en triple aveugle, multicentrique. Inclusion : patient.e.s ≥18 ans avec lombalgie ou cervicalgie <12 semaines, d’intensité modérée à sévère. Exclusion : pathologie spinale grave, chirurgie spinale récente ou planifiée, contre-indication aux opiacés (selon prescripteur ou risque élevé selon Opioid Risk Tool), traitement opiacé à haute dose ou >5j pour cet épisode. Intervention : randomisation 1:1 oxycodone-naloxone (débuté à 10mg/24h puis titré) vs placebo. En parallèle, poursuite du traitement standard. Issue primaire : intensité de la douleur (évaluée de 0-10) à 6 semaines.

347 participants randomisés, 174 dans le groupe opiacés, âge médian 45 ans, recrutés sur 6 ans. A 6 semaines, pas de différence significative sur l’intensité de la douleur (différence médiane 0.53, IC 95%, 0 à 1.1). Pas de différence significative dans les scores de fonctionnalité ou de qualité de vie. A 52 semaines, différence significative du risque d’abus d’opiacés (évalué par Current Opioid Misuse Measure Scale).

Etude prospective et de méthodologie solide ne montrant pas de bénéfice antalgique des opiacés comparés au placebo. Mise en évidence également d’un risque faible mais significatif d’abus d’opiacés à 52 semaines. Dans les limitations, présence d’une proportion importante de données manquantes (environ 25%), mais élément attendu dans ce type d’étude. Données limitées quant au traitement standard administré.

Cette étude remet en question l’utilisation des opiacés dans les cervicalgies et lombalgies aigues non-déficitaires, autant en termes d’efficacité antalgique que de profil de sécurité, malgré une prescription contrôlée et de courte durée.